Expositions et critiques
23 décembre 1942, Elisabethville / Lubumbashi
«[…] Une grande délicatesse de couleurs, une rondeur dans les contours, ainsi qu'une réelle légéreté dans la. technique, semblent indiquer la préférence de l'artiste pour le pastel, dans 1'exécution duquel elle excelle.»
«[…] Les portraits d’indigènes nous ont tous spécialement charmés: d’une venue indépendante et spontanée dans la façon d’exprimer en couleurs, en ligne et en plans, il s’agit pour l’artiste de satisfaire un instinct profond et résolu. La “peau noire” s’adapte du reste merveilleusement aux papiers foncés employés par elle, pour en fixer les différentes attitudes: confirmant une certaine transparence heureuse et permettant des éclairages inattendus au pastel clair, rehaussant ainsi la luminosité de l’oeuvre, en réalisant de très jolis effets.»
Luc et John de Chrome
L’Essor du Congo, 28 décembre 1942
23 juillet 1944, Elisabethville / Lubumbashi
«[…] L'auto-portrait a tout particulièrement retenu notre attention par sa facture vigoureuse. Le seul portrait traité à l'huile ne le cède pas en intérêt aux pastels. La présentation en est remarquable. Procédant d'une technique très sûre et d'un dessin solidement construit, les nombreux panneaux de têtes d'indigènes se disputent l'attention du visiteur. Il n'y a que l'embarras du choix car tous sont de réelle valeur.»
«[…] Quelques recherches heureuses sont à noter. Sur des fonds de teintes riches et sobres à la fois, les têtes de détachent avec une vigueur accrue. Nous citons pour exemple « Le petit vieux et quelques autres de la même veine.»
A propos des natures mortes :
«[…] combien d’âme dans ces œuvres d’une simplicité voulue. Quelques objets insignifiants posés sur une table, mais entre eux une délicate accordance, autour d’eux une atmosphère empreinte de poésie et de finesse.»
M.P.
L’Essor du Congo, 25 juillet 1944
30 mai 1946, Elisabethville / Lubumbashi
«[…] Tout individu est pour elle une architecture et une méditation philosophique. Et si l’on s’arrête à ce qu’elle crée, on communique avec le quotidien […].»
« Le Vieux Bâton » par exemple est bouleversant de profondeur humaine. La facture est puissante, les mains noueuses nous émeuvent. Ces mains sont le reflet de tout ce qui nous a pénétré, envahi, et l’on sent que l’artiste est une femme bonne que le malheur doit bouleverser jusque dans le tréfonds de son être.»
«[…] Erna Vamos a tort d’employer pour ses pastels un papier mécaniquement teinté, ce qui enlève à certaines de ses réalisation le cachet artistique espéré.»
«[…] Erna Vamos est maître de son fusain qu’elle manie avec sureté. Ici aussi elle donne le meilleur d’elle même dans l’expression des visages. Dans le portrait du « Missionnaire «, l’artiste a accentué ce quelque chose qui vient de haut et qui nous livre des yeux qu’on n’oublie pas. … Elle nous confie par ailleurs que certains de ses portraits d’Européens sont souvent une suite de concessions accordées à ceux qui les posent.»
GAB
L’Essor du Congo, 31 mai 1946
«[…] Elle synthétise les choses dans leurs apparences et dans leur signification[…].»
«[…] Dans les portraits, toujours l’expression domine ; l’artiste préfère dessiner un type de beauté médiocre mais expressif, plutôt qu’un modèle régulier, parfait mais sans vie […].»
L. S. (une lectrice du journal)
L’Essor du Congo 1er juin 1946
1er décembre 1947, Elisabethville / Lubumbashi
«[…] dans la salle Africa où elle expose, nous savons que la vie intérieure de ses sujets va être fixée, contournée, étrangement « modelée », avec une fidélité qui lui est propre. Rien de ce qui est débat intime n’échappe à Erna Vamos. Elle sonde très en avant dans les êtres et saisit les chuchotements des âmes. Ce don de pénétration est au service d’un admirable dessin, habile sensible et logique. Et c’est avec une sureté encore accrue qu’Erna Vamos définit les volumes par l’expression du trait.»
«[…] “Vieillesse» atteint toute sa signification: la palette est très riche et a livré un mélange varié de tons sombres passant du violet au gris, au brun, pour rendre cette carnation épaisse et parfois fulgurante qu'est celle des indigènes. Un charme honnête, humble et très touchant se dégage de ce visage usé.”
«[…] D'autres portraits atteindraient leur pleine valeur si l'artiste disait un adieu définitif à ses papiers teintés qui sont une dure atteinte à l'élément coloré par l'artiste et, ce qui est est plus regrettable, au sentiment même qu'elle a voulu exhaler. Car s'il est exact que le jaune n'enlève rien à la pleine réussite du no 29 “l'homme au chapeau” je n'approuve ni le bleu ni le gris de certains fonds.»
«[…] Je l’ai déjà dit, la foule n’aime pas beaucoup le dessin. Elle s’y refuse, mais si le trait est puissant – et nous savons qu’il l’est ici - le public peut jouir d’une profondeur d’émotion. Je crois que de tels pastels ont été rarement accrochés aux cymaises d’Elisabethville. Voyez « L’enfant frileux (n 22) ». Le plus insensible ne peut passer indifférent devant lui.»
«[…] Dans ses pastels de belle allure, Erna Vamos exprime une fois de plus sa sensibilité tendue vers le tourment des êtres et de l’homme qui passe et retient cette mélancolie pour se sentir moins seul.»
Jean DELIGNE
L’Essor du Congo, 1er décembre 1947
26 juin 1948, Léopoldville / Kinshasa
«[…] Loin d’être éblouie par le succès, l’artiste suit sa voie sans maniérisme et trouve le beau dans le vrai, reste fidèle au seul secret de ses sujets qu’elle souligne et accentue par la force de sa conviction.»
Olivier de Bouveignes
Le Courrier d’Afrique, Juin 1948
3 juillet 1949, Elisabethville / Lubumbashi
«[…] Certains artistes et non des moindres vivent retirés du monde pour mieux l'observer, le comprendre et donc l'aimer. C'est dans la méditation de leur retraite que l'incarnation de leurs découvertes s'opère et dès lors, les oeuvres qu'ils créent portent une empreinte émouvante de vérité. Erna Vamos est de ceux là.”
«[…] Parfois pour donner plus de vérité à l’ensemble, elle pose le sujet sur un fond sombre qui ajoute un caractère de mystère.
Dans deux autres tableaux qu’elle intitule successivement Fatigue I et Fat. II, nous assistons à ce pouvoir étrange du pastel de suggérer la vie sous le visage abandonné à la détente et succombant tout à coup au sommeil.»
«[…] Le « Vétéran » est réalisé aussi avec cette vigueur et dans des procédés de tons et de composition que nous voudrions surtout conseiller à l’artiste.»
«[…] Visiter une exposition d’Erna Vamos c’est toujours recueillir les traits d’une humanité à laquelle nous appartenons, c’est nous reconnaître une fois encore en elle, en lui tendant les mains dans un élan de fraternité.»
Jean DELIGNE
L’Essor du Congo, 5 juillet 1949
5 juin 1954, Elisabethville / Lubumbashi
«[…] Il nous est agréable d’observer les tracés subtils et les frottis délicats renforcés par des écrasements de craie destinés à mieux rendre la matière vivante de la chair.»
«[…] Les types indigènes sont empreints de cette nostalgie et de cette indifférence du modèle, lorsque le visage est au repos. De ces têtes de vieux serviteurs et de jeunes femmes congolaises démontrent la finesse du trait et la subtilité de la caresse de la lumière chromatique sur ces peaux brunes.»
ARTES
L’Essor du Congo, 8 juin 1954
28 avril 1957, Elisabethville / Lubumbashi
«[…] combien son art s’affirme et gagne a la fois en puissance et en profondeur. Dans « Soif » (type d’Israël) par exemple, elle campe son personnage d’un trait large et hardi et en détaille ensuite a loisir toutes les finesses d’expression.»
«[…] Les têtes de jeunes gens sont autant d’études fouillées où l’on sens vivre tout l’intérêt de l’artiste pour son modèle, pour le « document humain » comme elle le dit. Et de ce minutieux intérêt, les nombreux types d’indigènes, enfants, femmes, vieillards typiques, sont autant de preuves car de chacun des documents humains qu’elle choisit d’ailleurs fort heureusement, Erna Vamos sait extraire et rendre ce qui lui est particulier avec ce souci de la perfection qui est la caractéristique de son talent.»
«[…] elle travaille suivant son critère personnel, sans souci d’école ou de mode, et selon sa vision des choses, ce qui est d’une artiste sincère, mais nous souhaiterions qu'elle laisse parfois plus de place à l'imagination et à l'émotion du spectateur.»
«[…] La majorité des ces œuvres sont réalisées au pastel que Madame Vamos manie avec maîtrise. Elle y a des délicatesses de tons et un moelleux qui nous font, chez elle, préférer ce genre de travail à ses peintures à l’huile qui nous paraissent moins lumineuses tout au moins dans la présente exposition.»
M.P.
L’Essor du Congo, 30 avril 1957
Hors exposition
CHRONIQUE ARTISTIQUE
Par Jeanne MAQUET-TOMBU
ERNA VAMOS
ARTISTE PEINTRE COLONIALE
« Nous recevons de Mme Steygers, Présidente de la section des Arts et Lettres à Elisabethville, une note consacrée à l'artiste coloniale Erna Vamos que nous sommes heureuse de présenter à nos lecteurs. Erna Vamos est née à Budapest en 1904. Toute enfant elle montre déjà une forte prédilection pour le dessin. Elle fait ses premières études à l'Académie de Budapest, puis en 1925 elle part pour Paris où elle travaille dans des ateliers de décoration et fréquente des cours libres. Elle prend contact avec la terre africaine et ses indigènes en A.E.F. où elle accompagne son mari médecin, toujours en brousse et en tournées, d'où ses premières études de Noirs.»
« Erna Vamos arrive au Congo Belge (Kibara) en janvier 1939. En juillet 1940 elle a le grand malheur de perdre son mari. Depuis, elle réside à Elisabethville et s'y consacre entièrement à la peinture ainsi qu'à l'éducation de ses trois enfants.
Elle expose pour la première fois à E'ville avec succès. Depuis cette date, elle a organisé des expositions à E'ville, d'autres à Capetown, Thysville, Jadotville. En 1943, elle obtient le prix au concours d’affiches de propagande belge organisé par le V Club de Léopoldville.
Elle a exposé l'été dernier à Elisabethville un ensemble de portraits, natures mortes qui furent très appréciés.»
Maquet Tombu, J. 1950. « Chronique artistique. Erna Vamos, artiste peintre colonial ». Bulletin de L’Union des femmes coloniales 129, avril : 10-11